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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Eloge de la Philosophie - 3

III. Philosopher en terminale

Pourquoi ne vous accorde-t-on ce privilège qu’en Terminale ?

1) Les risques de philosopher
Une activité dangereuse. Le suicide (quand on ne tolère plus les conclusions auxquelles on est confronté), la folie. Nuire à la bêtise.
Nous avons en général de mauvaises nouvelles à apporter. « On ne sait pas » ; « on ne sait rien » ; « rien n’est sûr » ; « je ne parviens pas à penser cela » ; « ceux qui s’imaginent savoir quelque chose ne savent rien » ; « le pouvoir n’est pas légitime et je ne l’accepte que dans la stricte mesure où ma morale tolère sa présence ». Nuire à la bêtise.
Les philosophes : des anarchistes ? Mon maître, Leo Strauss et Xenophon. Le philosophe enseigne l’art de gouverner au tyran ; le tyran est à la merci du philosophe.
Nous autres avons souvent été condamnés à la mort, à l’exil, à la solitude.
La philosophie et l’art d’écrire. L’art de la nuance, l’art de la litote, l’art du sous-entendu, l’art de passer inaperçu. Et encore une fois la question se pose : a-t-on suffisamment considéré les textes ?

2) L’acte ultime d’éducation
Vous rendre capables de penser par vous-mêmes. On préférerait le contraire, croyez-le ; mais nous y avons avantage, nous autres adultes ; parce que le jour où nous ne serons plus là, vous serez laissés à vous-mêmes.
Certains d’entre vous se disent peut-être, ou connaissent sans doute des gens qui disent : « pourquoi on ne nous laisse pas créer la société qu’on voudrait ? » Ne vous inquiétez pas : un jour ou l’autre, ça va arriver. Vous serez seuls. Nous ne serons plus là pour vous dicter les réponses.
On vous donne les armes pour résoudre les problèmes par vous-mêmes. Pour répondre à Marie-Noëlle, oui, cette diatribe sur la liberté fait partie de votre éducation ; le cours de philosophie aussi. Et encore une fois, la seule liberté authentique est une liberté de pensée.


Mais pourquoi seulement en Terminale ?
Parce qu’il est temps. Bientôt, vous allez quitter le domicile parental, faire votre vie, inventer vos solutions, donner du sens par vous-mêmes. Et pourquoi pas avant, alors ?
Parce que ces armes sont à double tranchant.
Avec la philosophie, avec l’art du jugement, avec l’amitié pour la sagesse, vous devenez capable de juger de ce qui est bon pour vous. En premier lieu, vous êtes capable de juger l’éducation qui vous a été donnée. Encore une fois, vous ne pourrez pas vous tourner vers autrui en disant : « c’est pas moi ! c’est la faute des autres, de la société ». Vous ne pourrez pas faire cela parce qu’on vous donne les moyens de juger.
On vous donne les moyens de vous dresser contre vos parents et contre vos professeurs, de procéder au procès de votre éducation.
Le jugement sera peut-être positif. Il sera aussi, peut-être, très négatif.
Vous donner les moyens de vous asseoir à la place du juge est l’unique moyen de conclure votre éducation.

3) La communauté philosophique
En faisant cela, vous cessez d’être des élèves, je cesse d’être votre professeur.
J’ai commencé ce cours en vous demandant : qu’est-ce que la conscience ? qui suis-je ? Moi, je. Le professeur.
Maintenant, je me tourne vers vous, vers toi. Tu n’as plus besoin de guide, tu n’as plus besoin de moi. Tu en sais assez, bien assez pour faire ton propre chemin, à présent.
La relation que nous entretenons cesse d’être une relation de professeur à élève, de maître à disciple ; et je t’appelle ami, car tel est le mot juste : nous recherchons ensemble ce qui est noble. Nous ne serons peut-être pas toujours d’accord, toi et moi, mais du moins trouverons-nous le moyen de dialoguer, et de nous enrichir l’un l’autre. Et si nous querellons, du moins serons-nous de dignes adversaires. Et peut-être, l’amitié nous permettra-t-elle de mieux surmonter certaines épreuves.

Ici même, ensemble, à présent, nous fondons une communauté philosophique, une communauté qui ne portera peut-être ses fruits que dans un avenir lointain ; bienvenue ! Et comme la communauté politique de Rousseau, la communauté philosophique perdure même en l’absence de ses membres.
Profite donc de tes vacances ! Reviens grandi de pensées nouvelles, de songes inédits, d’expériences profondes et admirables.
On se reconnaîtra facilement ; à certains sourires, à un certain éclat dans l’œil, à certaines connivences.
Oui, bonnes vacances ; et j’emprunte le dernier mot à Platon. À la fin de ses lettres, Platon conseillait à ses amis : Vivez bien.
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V
Salut man !C'est franchement trèsd beau ce que tu as écrit là, je dirais même poétique ! J'en ai eu les larmes aux yeux en lisant ça, je trouve que c'est profond. Je passe le bac philo demain, et même si je ne vais pas avoir 14 demain, je suis au moins réconcilié avec , non pas cette matière, mais cette pensée !Toi aussi, vis-bien !Vij
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