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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Justice, société, Etat - 10


2) Cohérence de l’Etat de droit

Principe fondamental : les rapports entre l’Etat et le citoyen deviennent des rapports de droit et non plus de force. Le droit limite même ses professionnels, ses exécutants, ses concepteurs.

Justice vient du latin jus, le droit. Renvoi au droit. Et comme il faut que la justice soit publique, Emmanuel Kant et la condition de la publicité. Il s’agit ici de voir ce que souhaite le peuple tout entier, ce à quoi il s’oppose.

Texte 8 : Emmanuel Kant (1724-1804)
Si je fais abstraction de toute matière du droit public […], il me reste encore la forme de la publicité dont toute prétention de droit renferme la possibilité, parce que, sans elle, il n’y aurait aucune justice (on ne peut penser celle-ci que comme susceptible d’être rendue publiquement), par conséquent pas de droit non plus, puisque seule la justice le confère. […]
Après avoir ainsi fait abstraction de tout l’empirique que renferme le concept de droit civique […], on peut appeler la proposition suivante la formule transcendantale du droit public :
   « Toute action qui a trait au droit des autres hommes, ou dont la maxime n’est pas compatible avec la publicité, n’est pas de droit. »
Il ne faut pas considérer ce principe comme simplement éthique […], il faut le considérer également comme juridique […]. Une maxime, en effet, que je ne peux pas divulguer sans faire échouer mon propre dessein, une maxime qu’il faut absolument garder secrète, pour qu’elle réussisse, et que je ne peux avouer publiquement sans susciter par là, immanquablement, la résistance de tous à mon propre projet, ne peut devoir cette opposition de tous contre moi, opposition nécessaire, universelle et par conséquent qu’on doit considérer comme a priori, qu’au tort dont elle menace chacun. – Ce principe, en outre, est simplement négatif, c’est-à-dire qu’il ne sert que de moyen pour reconnaître ce qui n’est pas de droit vis à vis des autres. – Il est, comme un axiome, sûr et indémontrable, et, en outre, il est facile à appliquer […].
Kant, Vers la paix perpétuelle, appendice II, 

Le principe de la consultation démocratique (l’organe législatif est élu). Le suffrage universel.

Malheureusement, l’Etat de droit « gère » les conflits sociaux mais ne les résout pas.

Ceci pose deux problèmes graves. D’une part, le pays reste divisé indéfiniment : l’Etat de droit est un système qui nourrit et encourage l’égoïsme et le mécontentement. D’autre part, une quantité énorme d’énergie se dissipe dans ces querelles politiciennes stériles, énergie qui serait sans doute mieux employée à la production, à l’invention, à l’amélioration des conditions de vie.

Eu égard à ces considérations, plusieurs penseurs du XIXème siècle ont rêvé d’une tendance générale de l’histoire à l’unification des peuples. En particulier, Marx prédit que, après une période de socialisme et de dictature du prolétariat, la lutte des classes cessera. On entrera alors dans une société sans classe, communisme à l’état pur qui verra l’avènement d’individus parfaitement réconciliés avec la société dans son ensemble.
 

Comme chacun aura à cœur l’intérêt général, chacun voudra toujours ce qui est légal et légitime. La loi correspondrait très exactement aux désirs de chacun. Deux avantages majeurs : la nécessité de gouvernants ne se ferait plus aucunement sentir (puisque chacun se gouvernerait lui-même avec une sagesse absolue), et l’idée même de répression perdrait son sens (puisque chacun, n’acquiesçant jamais que pour lui-même, resterait pourtant dans la plus complète légalité).

Le système parfait : loi, morale et désirs individuels s’identifient les uns aux autres. Comme chacun atteint la sagesse, on n’a plus besoin de cette béquille légale pour forcer à peu près les gens à être sages. Le règne de la raison, si longtemps attendu, viendrait enfin, accomplissant simultanément la liberté la plus vaste et l’égalité la plus absolue.

Evidemment, il faudra vaincre quelques résistances internes pour cela. Plus exactement, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec ce programme sont des rebelles ; pire, ce sont des rétrogrades qui retardent l’avènement de notre généreuse espérance. Et comme cette espérance est parfaitement rationnelle, il faut en conclure que ces rebelles sont fous ; comment peuvent-ils ne pas comprendre ? N’est-ce pas, qu’ils méritent l’enfermement ! Et d’ailleurs, pourquoi enfermer ces poids pour la société ? Pourquoi ne pas nous en débarrasser purement et simplement ?

Le malaise. Comment est-ce possible ? On partait d’une bonne intention, on partait vers la liberté et on arrive à Auschwitz ! The Wall. Où est l’erreur ? Quand on dit : « il vaudrait mieux la peine de mort parce que les prisonniers coûtent trop cher », on accomplit un calcul d’utilité. Les tyrannies du XXème siècle sont utilitaristes.

Dramatique. L’utilitarisme est une expression de la rationalité. Depuis Descartes, et surtout depuis Kant, on place la dignité humaine dans la raison. Mais le XXème siècle, c’est sa grande leçon, nous prouve que la raison raisonnante conduit, en politique, aux pires atrocités indignes de l’humanité. Transformer le politique en science, c’est courir vers le génocide.


Suite du cours : l'idée républicaine.
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