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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Le fait religieux - 6


2) Religion et politique : un mélange explosif

« Obligatoire » ! « Respect » ! « Tradition » ! « Autorité » ! Comment ne pas voir que la religion a maille à partir avec le pouvoir politique ? Les grands de ce monde ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils ont bien compris que transformer leur pouvoir en dogme le rendait indiscutable, donc sûr. Jules César s’invente une généalogie remontant à Vénus pour asseoir son autorité comme les comtes de Lusignan placent la fée Mélusine dans leur généalogie ; le roi « de droit divin » possède le pouvoir thaumaturge du Christ-médecin ; le schisme anglican ; les brahmanes en Inde ont plus de pouvoir que le roi (ce dont notre jeu d’échecs garde la trace, la pièce de la Reine).

Bien sûr, épisodiquement, querelles entre le politique et le religieux, entre le temporel et le spirituel ; mais on se réconcilie bien vite – en 1789, le clergé et la noblesse siègent ensemble. Le petit aventurier arriviste qu’était Bonaparte, parfaitement inféodé au Directoire et à son anticléricalisme radical, intrigue, dix ans plus tard, pour que le Pape le couronne empereur dans la plus pure tradition mérovingienne. Le prêtre est toujours aux côtés du roi, soit comme éminence grise, soit comme instrument de domination : la religion, qui assure la soumission des esprits, reste la plus sûre garante de l’ordre politique.

Texte 2 : Machiavel (1469-1527)
[Les principautés ecclésiastiques] s’acquièrent par vertu ou par fortune, et se maintiennent sans l’une ni l’autre, car ils sont soutenus par les ordres invétérés de la religion, qui ont été si puissants et d’une qualité telle qu’ils maintiennent les princes dans leur état quelle que soient leurs façons de procéder et de vivre. Ils sont les seuls à avoir des états et à ne pas les défendre, à avoir des sujets et à ne pas les gouverner. Et les états, bien qu’ils ne soient pas défendus, ne leur sont pas ôtés ; et les sujets, bien qu’ils ne soient pas gouvernés, ne s’en soucient pas, ne pensent pas à se détacher d’eux et ne le peuvent pas. […]
Il faut comprendre qu’un prince, et surtout un nouveau prince, ne peut observer toutes les choses pour lesquelles les hommes sont jugés bons, étant souvent contraint, pour maintenir son pouvoir, d’agir contre sa parole, contre la charité, contre l’humanité, contre la religion. Aussi faut-il qu’il ait un esprit disposé à tourner selon ce que les vents de la fortune et les variations des choses lui commandent, et, comme je l’ai dit plus haut, ne pas s’écarter du bien, s’il le peut, mais savoir entrer dans le mal, s’il le doit.
Un prince doit donc avoir grand soin que ne lui sorte jamais de la bouche une chose qui ne soit pleine [de] cinq qualités […] ; et de paraître, à le voir et à l’entendre, toute miséricorde, toute bonne foi, toute droiture, toute humanité, toute religion. Et il n’est pas de chose plus nécessaire à paraître avoir que cette ultime qualité. Les hommes en général jugent plus selon leurs yeux que selon leurs mains ; car chacun a la capacité de voir, mais peu celle de ressentir. Chacun voit ce que vous paraissez, peu ressentent ce que vous êtes.
Nicolas Machiavel, le Prince, XI et XVIII

La secte : quand les figures du prêtre, du maître et du chef se conjuguent, surgit le gourou omnipotent. Là s’ouvrent les perspectives les plus atroces. L’enfant naturel de la religion et de la force militaire est nécessairement la guerre sainte, la lutte armée contre l’hérésie. Les horreurs religieuses ; on invoque le Dieu d’amour pour bénir les canons. La guerre éternelle au nom d’un au-delà paradisiaque. Ne vous révoltez pas contre votre misère et contre votre douleur, parce qu’elles vous purifient, et vous serez heureux, un jour, plus tard, une fois mort. Pour voir les choses de manière cynique : bienheureux les pauvres, ils seront assis à la droite de Dieu, et bienheureux les riches, ils sont assis au bord de leur piscine. La religion fonctionne comme une drogue, qu’on prend en raison de son malheur, et pour oublier son malheur.
 

Texte 3 : Marx (1818-1883)
Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience du monde à l’envers, parce qu’ils sont un monde à l’envers. La religion, c’est la théorie générale de ce monde, son compendium  encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement général de se consolation et de sa justification. Elle est la réalisation fantastique de l’être humain, parce que l’être humain ne possède pas de réalité vraie. La lutte contre la religion est donc médiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l’arôme spirituel.
La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l’âme d’un monde sans cœur […]. Elle est l’opium du peuple.
L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger à renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion.
Karl Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel

Si l’on ajoute à cela les comportements véritablement infâmes accomplis par certains ecclésiastiques de haut rang (les papes italiens du XVème siècle, cf. Machiavel, les inquisiteurs comme Bernardo Gui ou Thomas de Torquemada, mais aussi les compromissions avec Franco ou avec Hitler, la dissimulation de Paul Touvier), on peut comprendre la rage déchaînée contre les hommes d’Eglise pendant le XXème siècle.


Suite du cours : la laïcité.
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