Rédigé par Jérôme Coudurier-Abaléa et publié depuis
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Le franchissement, le 20 avril 2006, d'un nouveau record historique pour le baril de brut sur le NYMEX (au-dessus de $74) me conduit à retarder la publication de nouveaux articles de cours pour présenter un édito sur la question pétrolière. D'aucuns penseront peut-être qu'il ne s'agit pas exactement de philo. J'espère les convaincre du contraire.
Nous sommes entrés, depuis 2002, dans une phase de crise profonde du pétrole. Le graphique des cours sur les quinze dernières années le montre d'une manière, à mon sens, particulièrement nette. De 1991 à 2002, aux sursauts près, le cours reste quasi stable autour de $20 ; et après, c'est l'envolée. Janvier 2002 : $20 ; janvier 2003 : $30 ; janvier 2004 (un peu d'essoufflement) : $35 ; janvier 2005 (retour à la normale) : $50 ; janvier 2006 : $60. C'est mécanique : le baril s'apprécie de $10 chaque année, depuis maintenant cinq ans. Qu'on n'accuse pas Katrina, l'Iran ou je ne sais quel événement ponctuel. Le plus nul étudiant en économie sait qu'une hausse continue et constante pendant cinq ans n'est pas conjoncturelle, mais bien structurelle. Le pétrole ne redescendra plus sous les $65 : qu'on arrête de nous bercer d'illusions. Quand le président de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) pour 2006, le Nigérian Edmund Daukoru, annonce en janvier 2006 que le prix du baril fluctuera entre $50 et $60 pendant les douze mois à venir, il ment. C'est un fait : le tarif n'est jamais descendu en-dessous de $58 pendant le premier semestre - et aujourd'hui, il cote à $75 (avec une moyenne sur les six premiers mois à $67). C'est un peu comme Raffarin, qui avait calculé son budget 2005 avec un pétrole en moyenne à $36, alors qu'il n'est pas descendu en-dessous de $40 sur l'année et que le cours moyen s'établit, pour 2005, à $57 (une marge d'erreur de $21, c'est-à-dire de 58% ! Il faut l'écrire en toutes lettres : cinquante-huit pour cent ! Volà qui en dit long sur la compétence des "experts" qui conseillent le Premier ministre français). Résultat ? Voilà...
Ci-contre : cours du baril de Light Crude Oil sur le NYMEX en US$ constants de janvier 2006. Sources : National Post with data from Federal Reserve Bank of St. Louis and the Bureau of Labor Statistics. Pour mise à jour, le mercredi 5 juillet 2006, le baril a atteint $75,30. On retrouve donc, depuis six mois, les niveaux du second choc pétrolier, qui entraîna une crise économique et financière de dix annnées. L'élément intéressant, à mes yeux, tient à ceci que, contrairement aux chocs des années 70, la hausse actuelle ne résulte pas d'événements géopolitiques graves comme la guerre du Kippour ou la crise des otages : l'envolée qui commence en 2002 s'accentue à peine avec l'invasion de l'Irak, laquelle a même eu un effet baissier - tout comme le 11 septembre. Les seules explications possibles de cette flambée sont donc (i) une spéculation mondiale débridée sur le baril ou (ii) une incapacité de l'offre à suivre la demande.
Face à cette inquiétude, on entend toujours quatre arguments stéréotypés.
Premier argument : une collègue d'économie m'a fait sèchement remarquer qu'il reste trente-cinq ans de consommation au rythme actuel, étant donné les réserves. Voilà le calcul, m'a-t-elle doctement expliqué : tu prends les réserves prouvées (en gros 1.000 milliards de barils, ou "Gigabarils", noté Gb), tu divises par la conso mondiale actuelle (30 Gb par an quand même) et tu obtiens 35. Voilà qui semble imparable ; et pourtant...
Primo, cette division n'est pas économique, au sens où elle ne dit rien sur le prix du baril pendant ces "trente-cinq ans". Ce seul point prouve que ce "calcul", dans la bouche d'une professeure d'éco, frise la faute professionnelle. Avec un baril à $75, je ne suis pas sûr qu'il soit encore rentable de transporter des fraises d'Espagne par camion, par exemple. Si les transports mondiaux, condition sine qua non de la "mondialisation", cessent d'afficher un bilan positif, eh bien, bonnes gens, l'économie mondiale s'écroule. En deux jours. Point final. Qu'il reste ou non "trente-cinq ans" de pétrole dans les gisements n'aura rigoureusement aucune espèce d'importance, puisqu'on n'aura plus la moindre raison économique de l'exploiter. Au fait : pour amener le pétrole depuis les pays producteurs jusqu'au lieu de consommation, on a besoin de tankers et de camions-citerne qui fonctionnent, bien entendu, au gasoil. Autre remarque : avec une hausse de $15 le baril (+25% quand même) sur les six premiers mois de l'année, je ne vois pas bien pourquoi les producteurs qui utilisent du pétrole ne répercuteraient pas cette hausse sur leur tarifs. Cette inflation érode le pouvoir d'achat, c'est-à-dire que la monnaie se déprécie ; et avec une monnaie dépréciée, le baril n'est plus à $70, mais à $80 - ou plus. Ne peut-on pas imaginer une inflation à deux chiffres pour le début de l'année prochaine, avec un chômage énorme à la clef et une récession mondiale en 2007, même s'il reste "trente-cinq ans" de réserves ?
Secundo, ce calcul méconnaît la hausse de la demande, qu'on peut estimer à 2 ou 3% par an (estimation conservatrice, vu la croissance chinoise de l'ordre de 10% par an). Si on retient un chiffre intermédiaire de 2,5%, un tableau Excel réalisé en une minute permet de constater que l'épuisement a lieu en 2029, ce qui ne laisse pas trente-cinq ans, mais bien vingt-trois. Si on retient plutôt 4% de hausse, l'épuisement s'accomplit en 2026, c'est-à-dire dans vingt ans. Quasi moitié moins que les trente-cinq ans envisagés !
Tertio, ce calcul conçoit le puits de pétrole à peu près comme un réservoir de voiture : on peut accélérer encore pendant la dernière seconde avant la panne sèche ; or, un puits de pétrole géologique ne se présente pas du tout comme une immense caverne remplie de pétrole. C'est en fait une couche de roche poreuse dont les fissures et les interstices secrètent du brut. Ce liquide lourd et visqueux exerce une pression dans ces roches. Résultat : lorsque le gisement est plein, il suffit de creuser la roche, et le liquide suinte directement dans le fond du puits (c'est ainsi que la civilisation mésopotamienne a pu extraire du goudron pour paver ses rues, vers 2500 av. J.-C.) ; mais à mesure qu'on exploite le gisement, la pression se relâche, et le pétrole suinte plus lentement... jusqu'à ce qu'il faille pomper, donc dépenser de l'énergie, pour le récupérer ; et là, ça devient tout à fait cocasse, parce que l'on s'est aperçu aux Etats-Unis dans les années 70 (avec les puits du Texas) et aujourd'hui dans le sultanat d'Oman (gisement de Yibal) que, même avec des techniques très avancées, et très coûteuses à mettre en oeuvre (forage horizontal, injection d'eau etc.), un reliquat de 10 à 20% du brut contenu dans le gisement reste irrécupérable, tout simplement parce que l'extraire exigerait plus d'énergie que le pétrole obtenu n'en restituera.
Quarto, ce calcul place au numérateur un chiffre de "réserves prouvées" (1000 Gb) dont on a toutes les raisons de se méfier. Pourquoi ? Dans les années 80, les pays membres de l'OPEP s'entendirent pour que leurs quotas de production dépendent directement de leurs "réserves prouvées". En gros : plus tes "réserves prouvées" sont importantes, plus tu as le droit d'exporter (donc plus tu ramasses de pétrodollars) ; mais il faut savoir que ces chiffres de "reserves prouvées" constituent toujours des spéculations contestables (rien qu'aux USA, il existe trois méthodes de calcul différentes). Evidemment, les pays de l'OPEP (à commencer par, tiens donc, l'Irak) se sont rendus compte qu'ils pouvaient annoncer à peu près n'importe quel chiffre de "reserves prouvées", et imaginer une justification géologique quelconque. L'Irak, donc, qui déclarait 32 Gb en 1981, déclare dès l'année suivante, hop ! 59 Gb ; et il réitère le même coup en 1987 (où il déclare d'un seul coup 100 Gb tout rond). Pourquoi le monde entier a-t-il gobé ces mensonges éhontés ? Parce que, souvenez-vous, à l'époque, Saddam protégeait les Occidentaux contre l'islamisme fanatique des Iraniens et des Saoudiens : il jouissait alors de l'appui financier, politique et militaire des Etats-Unis (les temps ont bien changé, ma bonne dame !). Evidemment, l'Irak n'est pas le seul membre de l'OPEP à truquer les chiffres puisque la règle des quotas détermine directement la richesse des pays. Aussi l'Arabie Saoudite, par exemple, qui déclarait naguère 170 Gb, annonce tout à trac, en 1988, 250 Gb. Le plus spectaculaire reste quand même les Emirats Arabes Unis qui, du jour au lendemain en 1986, passent de 33 Gb déclarés à 97 ! Une hausse de presque 200% ! Résultat : ces déclarations douteuses fragilisent tous les pronostics quant aux réserves effectives des différents pays exportateurs. La plus totale opacité règne sur les chiffres réels du pétrole. En Russie, par exemple, dévoiler les réserves nationales constitue un crime fédéral puni de sept ans de prison. Il faut se souvenir aussi que Shell, en 2004, a avoué avoir menti sur ses réserves prouvées, à hauteur de 20%, ce qui avait, à l'époque, entraîné une chute catastrophique du cours de l'action. En janvier de cette année, le Koweit a lui aussi procédé à un aveu similaire. Si maintenant nous nous tournons vers des experts indépendants comme Colin Campbell, leur estimation ne flirte même pas avec les 1000 Gb dont on nous rebat les oreilles. Pour lui, en réalité, les réserves prouvées réelles du monde entier doivent s'évaluer à 700 Gb, peut-être même moins.
Reprenons. Si nous retenons cette hypothèse basse, que nous imputons 15% de pertes nettes dues à des incapacités physiques de récupération, et que nous postulons 2,5% de croissance de la demande annuelle, l'épuisement aura lieu en... (roulement de tambours) 2021. Dans quinze ans. Bien vu, les "trente-cinq ans de consommation au rythme actuel".
Deuxième argument stéréotypé face à ces inquiétudes : oui, mais non, parce qu'on va trouver des tas de gisements géants qui n'attendent que nous pour être exploités.
Ce qui me semble effrayant, face à ce genre de réponses, c'est la totale ignorance de la géologie qu'il dénote (le B-A BA est disponible sur cet excellent site). Il faut savoir que l'année où l'on a découvert le plus de gisements, c'est 1965. Depuis, le nombre de découvertes ne cesse de décroître, ce qui, d'ailleurs, paraît du simple bon sens. Quand on a commencé sérieusement à chercher du pétrole, on a d'abord découvert les gisements les plus gros et les plus faciles à exploiter, c'est-à-dire, en somme, ceux qu'on ne pouvait pas rater. Depuis, la planète a été explorée en long, en large et en travers. Il existe assurément des gisements difficiles à exploiter (ceux du pôle, les forages "deeptrek" à plus de 6.000 m de profondeur, les sables bitumineux du Canada par exemple), mais ils représentent un énorme investissement en technique, en énergie et en temps. Il faut savoir, aussi, que forer un puits "facile" demande six ans.
Par ailleurs, un petit chiffre pour se faire froid dans le dos : en 2001, on a trouvé treize puits représentant 500 millions de barils. En 2002, cinq. En 2003, trois. Et depuis 2003... zéro. 500 millions de barils, ça représente tout juste une semaine de consommation. Depuis 2001, il aurait fallu trouver deux cents gisements de ce genre, ne serait-ce que pour compenser la consommation. On en a trouvé à peine vingt. Pour chaque baril découvert aujourd'hui, on en consomme six. Ce n'est pas moi qui le dis : c'est l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), dans un rapport de 2005 intitulé (sobrement) Saving Oil in a Hurry. Elle y recommande notamment aux pays industrialisés d'interdire les vitesses sur autoroute supérieures à 90 km/h et de promouvoir le covoiturage ! Autant lutter contre le tsunami avec un parapluie ! Le plus drôle, ou le plus désolant, reste quand même que l'AIE, pas alarmiste, nie systématiquement depuis cinq ans qu'il existe une quelconque crise du pétrole. A la lecture du rapport de 2005, il y a quand même de quoi se pincer pour s'assurer qu'on ne rêve pas.
Troisième argument stéréotypé : eh bien, qu'à cela ne tienne, la science va bien trouver quelque chose ; on se passera du pétrole, et on le remplacera par des énergies renouvelables. La science propose effectivement des pistes intéressantes, et depuis longtemps. Encore faut-il tenir compte d'un détail. Une source d'énergie exige d'abord d'être mise en valeur. Par exemple, pour utiliser la force d'un torrent, il faut construire un barrage. Cette mise en valeur a évidemment un coût - en particulier un coût énergétique. Pour construire le barrage, il faut apporter du béton, le couler, etc. Divisons maintenant l'énergie tirée de la source ainsi valorisée par l'énergie investie dans la mise en valeur. Cette division s'appelle "ratio de bénéfice énergétique" (RBE). Evidemment, si le ratio est inférieur à 1, cela veut dire qu'on a employé plus d'énergie que la source n'en restituera jamais. Maintenant, comparons les RBE de quelques sources d'énergie connues. Pétrole en 1940 : 100. Pétrole aujourd'hui (en raison de la baisse de pression dans les puits) : 25. Charbon (au pied de la mine) : 30. Hydroélectricité : entre 10 et 15. Nucléaire : 4. Photovoltaïque ("énergie solaire") : entre 2 et 10. Ethanol et autres biocarburants : entre 0,7 et 3. Hydrogène (la plaisanterie que tout le monde prend au sérieux) : 0,8.
Aucune source d'énergie alternative ne peut remplacer le pétrole. Si l'on voulait compenser, par exemple, la dépense énergétique française en pétrole par du nucléaire, il faudrait construire 400 nouvelles centrales ! Rappelons que construire un réacteur nucléaire prend dix ans, et qu'il s'alimente avec un uranium enrichi qu'on ne trouve pas partout dans le monde (il s'agit d'ailleurs d'une réserve épuisable). Ajoutons qu'un réacteur coûte 1,5 milliard d'euros pièce. En construire 400 supposerait un investissement (pour la seule France !) de 600 milliards d'euros, c'est-à-dire deux fois le budget annuel du pays ! Certains prétendent qu'on pourra remplacer le parc automobile par des voitures à électricité. Cette hypothèse est-elle sérieuse ? Au fait : rendre le pot catalytique obligatoire - changement somme toute modeste des équipements existants - a pris quinze ans. Là, on parle de transformer les infrastructures de fond en comble. Bonne chance.
N'oublions pas non plus que des voitures électriques (ou à l'hydrogène, ou à l'éthanol) sont efficaces dans la mesure où elles sont légères, c'est-à-dire construites en plastique ; or si l'on peut, à la rigueur, remplacer le pétrole par d'autres sources d'énergie, il est rigoureusement impossible de lui trouver un substitut en tant que matière première... et là, j'aimerais que vous regardiez un instant autour de vous. Combien d'objets voyez-vous dans votre environnement physique immédiat qui emploient du pétrole dans leur composition ? La plupart des meubles, des matériaux de construction, des produits hygiéniques, de l'électroménager, des médicaments, des produits chimiques, des vêtements... Un ordinateur, par exemple, demande un baril de pétrole (159 litres, soient cinq baignoires pleines !) tout compris (non seulement le plastique pour construire la coque, mais aussi le transport, l'emballage etc.).
Un dernier secteur, capital, est aussi directement menacé dans cette histoire, et là, bonnes gens, les choses deviennent vraiment morbides. Je m'inspire ici du chapitre 3 de Pétrole Apocalypse, le dernier livre d'Yves Cochet, bourré de chiffres et de statistiques tirés de sources variées (très complet aperçu du problème, je trouve). Imaginons qu'on n'ait plus de pétrole pour alimenter les machines agricoles et pour produire des engrais. Imaginons que chacun d'entre nous dispose d'un hectare pour ses besoins primaires, c'est-à-dire pour son bois de chauffage, un carré de lin pour ses vêtements, un potager et une parcelle pour ses bestiaux. Une empreinte écologique d'un hectare (cent mètres sur cent mètres), ça fait peu. Très peu. On peut dire que cette surface est vraiment minimale, qu'elle est remarquablement bien gérée et exploitée.
Maintenant : l'ensemble des terres émergées sur notre planète représente environ 150 millions de km carrés. De cette surface, seul un quart, à peu près, constitue des surfaces exploitables pour l'agriculture. Les autres sont stériles, soit en raison de la composition du sol (aridité, salinité, composition rocheuse et minérale etc.), soit en raison du climat (étendues désertiques, glaces polaires, zones marécageuses etc.). Restent 35 millions de km carrés. Fois cent, puisque 1 km2 = 100 ha. Résultat : les terres émergées effectivement cultivables (et de manière très, très, très efficace) peuvent subvenir aux besoins de 3,5 milliards d'humains. La France, pays d'une fertilité prodigieuse, compte 550.000 km carrés. Si j'estime que toute cette surface est effectivement cultivable (y compris l'île de Ré), j'obtiens de quoi nourrir et vêtir 55 millions de Français.
Evidemment, ces chiffres complètement théoriques sont beaucoup trop optimistes : ils supposent un plein rendement (des intempéries un peu violentes sont exclues) obtenu par des agriculteurs très compétents, dans une exploitation qui a déjà au moins deux ou trois années d'existence puisqu'elle a atteint l'autonomie des semences, des engrais et de la formation du personnel. Pour info, avant la première révolution industrielle, la France comptait moins de 30 millions d'habitants (les 40 millions n'ont été franchis qu'en 1900, quand les outils en métal se sont démocratisés ; et les 50 millions n'ont été atteints qu'en 1969, lorsque l'agriculture industrielle a commencé à porter des fruits).
Il me semble encore très optimiste de penser qu'on pourra atteindre 70% de la capacité théorique - ce qui veut dire, à l'échelle de la Terre, un chiffre maximal de 2,5 milliards d'habitants. Encore ce chiffre ne pourrait être atteint qu'après un très long travail de reconversion pour de très nombreuses personnes. Conclusion : même avec des semences très performantes et de très nombreux salariés très bien formés et dans de très bonnes conditions climatiques, la Terre privée de pétrole peut nourrir, allez, soyons d'un optimisme délirant, 3 milliards d'individus. Nous sommes 7 milliards. Sans pétrole, il n'y a mathématiquement pas à manger pour tout le monde. Même en France, il n'est pas invraisemblable de penser que, dans les prochaines années, une personne sur trois périra par la famine.
Bonne chance : ça commence maintenant.
Quatrième argument stéréotypé : il faut vraiment être pessimiste pour tenir des propos pareils, quand même, et puis bon, même si tout ça est vrai, qu'est-ce qu'on peut bien y faire ?
D'abord, j'ai tendance à penser, comme le remarque Eric Laurent en tête de son dernier ouvrage La Face cachée du pétrole (relecture hallucinante de l'histoire du XXème siècle sous l'angle pétrolier, remarquable bouquin mais qui demande, à mon avis, une assez bonne connaissance des événements du siècle dernier), que la différence entre optimistes et pessimistes, c'est que les pessimistes sont généralement mieux informés. D'ailleurs, à supposer qu'on ait tort, en général, d'être pessimiste, je ne vois pas bien en quoi un optimisme, même délirant, nous préserverait d'une catastrophe comme celle qui s'annonce. Ceci dit, dans un sens, l'argument mérite mention. Dans la mesure où les données sur le pétrole sont entièrement opaques, je ne suis pas sûr du tout d'avoir les "bons chiffres". Je pense seulement - mais c'est un "seulement" qui me paraît trèèès sérieux - que cette question des chiffres mérite examen et débat ; et qu'on ne me renvoie pas sèchement "trente-cinq ans de consommation au rythme actuel" dans les gencives. Cette attitude-là, c'est vraiment la politique de l'autruche.
Ensuite, qui tient ces propos "pessimistes" ? Enfin, quand même ! Shell corrige les chiffres de ses réserves de 20%. Chevron Texaco invite sur son site officiel à participer à un forum sur la déplétion pétrolière (avec un compteur effrayant dès l'entrée...). Le PDG de BP, Sir John Browne, déclare en 1999 que BP ne doit plus vouloir dire "British Petroleum" mais "Beyond Petroleum". L'ex-ministre du pétrole saoudien estime que Ghawar, le plus grand gisement du monde, ne contient plus que 30 Gb, tout juste un an de consommation mondiale. Sarkozy déclare, en octobre 2004, au G7, que "la question de la cherté du pétrole est devant nous". L'Iran, 4è producteur mondial de pétrole, cherche à développer son secteur nucléaire pour garder son "indépendance énergétique". Paul Wolfowitz explique que si les USA sont intervenus en Irak et pas en Corée du Nord, c'est que "économiquement, nous n'avions pas le choix : le pays nage dans une mer de pétrole". L'AIE intitule son rapport de 2005 Economiser le pétrole à la hâte. Alors qui tient ces propos pessimistes ? Un obscur prof de philo de la région parisienne ? mais non : les plus grands noms du pétrole, trois des "sept soeurs", les gens les mieux informés du monde, ne cessent, depuis plus de cinq ans, de tirer la sonnette d'alarme. Qu'on arrête de croire que les "pessimistes" sont des écolos chevelus et ignares : ce portrait ne colle à aucun des individus que je citais à l'instant (surtout pas à Wolfowitz ou à Sarkozy !).
Enfin, que faut-il croire ? Que ceux qui prennent la parole sont "pessimistes", ou que ceux qui ne veulent pas entendre sont des irresponsables ? D'ailleurs, qui ne veut pas entendre ? Voilà plus d'un an que je tiens ces propos face à des publics très divers, dans des circonstances très diverses. Qui m'écoute ? Les jeunes et les trentenaires. Qui m'accuse de pessimisme ? Les actuels quinquas et sexagénaires : et c'est là que le propos change de dimension. Ces "optimistes" forcenés, qui sont-ils ? C'est la génération 68 (j'entends par là tous les baby-boomers : non seulement les gentils sorbonnards agités du Quartier Latin, mais aussi l'apprenti plombier de Nantua, ou l'employé aux écritures du Crédit Lyonnais, par exemple : que Luc Ferry ne s'en sente pas exclu !). Une génération véritablement unique dans l'histoire, puisqu'elle n'a jamais connu la faim, le froid, ni la guerre. Comparons-la à la génération précédente, nos grands-parents à nous, les trentenaires. Nés en 1910, ils vécurent la guerre avant l'âge de raison. A peine la reconstruction achevée, ils subissaient le krach de 1929. Le Front populaire leur apporta une brève embellie avant qu'ils ne rencontrent l'horreur du plus grand conflit de tous les temps ; et après l'armistice, ils connurent encore les privations des tickets de rationnement, presque jusqu'en 1950. La plupart des gens nés en 1910 n'a goûté une situation matérielle à peu près confortable qu'à quarante ans. Quel contraste ! Génération 68, génération bénie des dieux !
Comment a-t-elle mis cette chance historique à profit ? On serait en mesure d'attendre, dans un sol si favorable de paix et d'abondance, une prodigieuse moisson dans tous les domaines de la connaissance... mais non. Regardons les choses de près. En physique, les deux derniers grands paradigmes sont la relativité générale et la physique quantique, tous deux élaborés avant la fin des années 1920. En biologie et en médecine, la dernière découverte majeure, celle de l'ADN, remonte à 1946 - le clonage n'est qu'une application pratique parmi d'autres de cette découverte. En arts plastiques, l'abstraction commence dès 1900 et on peut dire qu'elle atteint son double sommet avec Mondrian et Pollock, dans les années 50. En littérature et en poésie, la densification maximale de la langue peut être considérée comme atteinte par TS Eliot et Lautréamont en Europe, par les beat poets comme McClure, Ginsberg ou Ferlinghetti aux USA (donc pendant les années 50). John von Neumann (qui avait déjà signé la Théorie des jeux, mathématisation de toutes les sciences sociales modernes, avec Morgenstern en 1944) invente l'ordinateur - au sens moderne - au milieu des années 40 ; lequel permet, dans la foulée, la maîtrise de l'énergie nucléaire, militaire d'abord, puis civile au début des années 50. En philosophie, le dernier grand système de pensée "officiel" remonte à Sartre et à l'existentialisme des années 50... Continuerai-je cette énumération fastidieuse ?
Qu'on me montre, en regard, un seul progrès théorique majeur accompli par la génération 68 (à l'exception notable de la systémique venue de la géométrie fractale de Mandelbrot). Les funérailles de Victor Hugo furent suivies par des centaines de milliers de Français : qu'on me nomme un seul poète actuel - et pourtant, il en existe de très actifs, de très originaux et de très importants, lisez plutôt. Mieux encore : quelle proportion de baby-boomers a effectivement intégré le fait, par exemple, que les corps sont composés d'atomes à la fois corpusculaires et ondulatoires, donc que les limites de leurs personnes sont poreuses et floues, donc qu'ils sont rigoureusement indistincts de leur milieu matériel, donc que la sauvegarde de l'environnement doit être leur première préoccupation ? le fait que l'art abstrait constitue une avancée historique d'une portée extraordinaire ? le fait que l'ADN ruine toute conception politique de type raciste ? le fait qu'il n'existe dans l'univers einsteinien aucun repère fixe sur lequel on pourrait régler son savoir et sa conduite ? Quelle proportion de baby-boomers pense le monde comme on pouvait encore le penser en 1900 ?
Que penser de tels dinosaures ? La génération 68 nous lègue Claude François et ses clones, la pub élevée au rang d'un art, la marchandisation du monde, le minitel rose et la Bicyclette bleue. Génération bénie des dieux, génération unique dans l'histoire par la paix et l'abondance dont elle a bénéficié ; mais aussi, génération unique dans l'histoire par sa complète stérilité intellectuelle et culturelle. Il suffit de les écouter parler. Si mai 68, la prétendue "révolution", se résolut, en définitive, par une hausse des salaires, c'est évidemment parce que ces gentils étudiants à la mêche rebelle ne portaient aucun projet politique à long terme. Ecoutons-les, les actuels quinquas ! Ils accusent les jeunes de n'avoir de goût pour rien, de ne s'intéresser à rien, d'être la "bof génération" - mais à quoi voudrait-on que "les jeunes" s'intéressent, chez leur prédécesseurs ? A quels modèles leur affection devrait-elle aller ? Au modèle de l'employé de bureau ? A celui du conseiller financier ? A celui de la secrétaire de direction ? A qui voudrait-on faire gober que la croissance et le confort constituent des aventures exaltantes ?
La génération 68 a réussi un étrange tour de force : en exaltant la sincérité individuelle et en disposant de médias d'une variété et d'une puissance inconnues dans l'histoire (jusqu'en 1950, le pecus vulgum ne disposait guère que de la phonation et de l'écrit, et il n'aurait pas même rêvé des radios libres, de la télévision, du téléphone, du courriel etc.), elle a saturé l'univers culturel de productions médiocres, voire stupides ; chacun se sent quelque chose à dire, et le dit, et le répercute très loin, très vite, à de très nombreuses personnes. Eh bien, ce tapage mental ôte à l'univers l'essentiel de son intérêt - et nous rejoignons ici le problème soulevé par le texte d'Hannah Arendt dans le cours sur le langage. Qui se sent les forces de chercher les pépites dans ce torrent de boue ? Qui jugerait attrayante cette grisaille d'ennui stéréotypé ? Et à y bien réfléchir, lorsque les baby-boomers reprochent aux "jeunes" de ne "s'intéresser à rien", ne faut-il pas plutôt comprendre qu'ils reprochent à leurs enfants de ne pas s'intéresser à eux ? Mais enfin, qu'attendent-ils de nous ? De la compassion devant leurs idéaux vendus à l'encan et prostitués aux intérêts les plus vulgaires ? (Ci-contre : publicité (c) Leclerc.)
Alors, qui sont les "optimistes" ? A vrai dire, il s'agit de cette génération qui, aux commandes depuis 1980, a vampirisé toutes les réserves non renouvelables de la planète, et nous laisse nettoyer les ruines et les ordures de ses "jouissances sans entraves". Il s'agit de cette génération qui n'a jamais connu le chômage ni la précarité (sinon tout dernièrement, pour certains d'entre eux), mais qui a quand même réussi à détruire le marché du travail, et qui vient tout juste de se "négocier" des retraites très confortables, entrant dans la vieillesse sous le signe ridicule des "seniors éclatants", "jeunes pour l'éternité" comme l'écrivent avec amertume Laurent Guimier et Nicolas Charbonneau dans leur plaisant essai Génération 69.
Peuvent-ils méconnaître le degré de mépris auquel ils s'exposent, nos rayonnants quinquas ? Comprennent-ils à quelle haine ils s'exposent par leur attitude quotidienne ? Voient-ils quels dangers ils encourent lorsqu'ils nous demandent : "mais, qu'est-ce qu'on peut faire, hein ? qu'est-ce qu'on peut faire ?" Eux, les "optimistes", seraient-ils défaitistes ? Quel contraste entre cette résignation et leur slogan de "l'imagination au pouvoir" !
"Qu'est-ce qu'on peut faire ?" Le fait est qu'ils n'ont rien fait. Ils savaient, depuis 1980, qu'il leur restait trente ans de pétrole (les géologues le leur ont assez corné en 1979, lors du second choc pétrolier), et ils n'ont absolument rien fait. Ils avaient tout le temps nécessaire pour sortir de la dépendance au pétrole, ils avaient les moyens et les motifs de le faire, et ils ont laissé, tout simplement, pourrir la situation.
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ? D'abord, ne pas écouter les "seniors éclatants" de droite, de gauche ni du centre. Tout ce qu'ils disent, pensent, croient, tous leurs principes de vie, toutes leurs règles mentales, sont inapplicables dans un univers sans pétrole. Ne pas les écouter, et ne pas les laisser faire : mais cela implique une résistance active et un complet travail philosophique de réajustement et de réinvention des pratiques et des valeurs. Le champ, libre, est immense : à nous de le défricher.
Et puis surtout, ne pas sombrer dans le défaitisme passif. On peut déjà agir, la preuve. Il me semble nécessaire de commencer à penser sans pétrole. Apprendre à se passer de véhicules automobiles, par exemple, mais aussi des objets en plastiques, des produits cosmétiques gourmands en dérivés pétroliers, etc. Nous pouvons déjà nous réacclimater mentalement à une société fondamentalement sédentaire et agricole - et là surtout, il s'agit d'une conversion philosophique. Accepter de penser la fin du pétrole et ses conséquences, s'engager à en utiliser le moins possible, c'est déjà commencer à sortir de la crise.
Je le répète : ça commence maintenant - c'est commencé - c'est irrémédiable. Bonne chance.
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A la recherche d'une méthode pour aider mon fils dans ses dissertations philosophique de TS, je suis "tombé" dans votre site et sur ce texte si édifiant.<br />
je suis un quinqua, né en 1957, de parents ouvriers très modestes et je n'ai jamais connu la guerre. mais dans ma tête, elle est perpétuelle, car mes deux enfants de 16 et 17 ans sont, que je le<br />
veuille ou non, dans le système, scolaire, consumériste et gaspilliste. La difficulté réside dans la sensation oppressante de les mener vers un mur, avec cependant une certaine obligation de<br />
préserver leur moral.<br />
c'est commencé, çà va empirer, la chance ne leur suffira pas. faut-il au quotidien sonner le tocsin à leurs oreilles pour qu'ils prennent les décisions et les orientations que les post 68 sont<br />
incapables d'envisager, ou préserver le peu de quiétude que l'insousciance de la jeunesse leur autoorise?<br />
Disserter n'est plus à ce niveau qu'un plaisir hédonique. oui, certainement, nous sommes des milliers à nous mentir, nous savons très bien, quoique peut-être plus confusément que vous ce qui nous<br />
attend. C'est le malheur et il n'est donc pas étonnant que notre subconscient le rejette. Mieux vaut l'unité dans le malheur que la disparité dans le bien être. A bientôt donc pour remettre en<br />
service l'adage de Mao.<br />
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Ne nous faisons pas d'illusions avec l'énergie nucléaire. Cela ne durera guère plus longtemps que le pétrole.<br />
Voir par exemple :http://travail-chomage.site.voila.fr/energie/fin_uranium.htm( La pénurie et la fin progressive de l'uranium )<br />
Une des rares analyses assez lucide pour ne pas tomber dans le panneau de la propagande de l'industrie nucléaire.
Mais bien sûr que si, ils auront des véhicules motorisés !<br />
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La crise arrivera bien avant la pénurie totale de pétrole, ne serait-ce que parce que des pays comme les Etats Unis ou la Russie ont des réserves personnelles qu'ils ne manqueront pas de vendre à prix exorbitant ou pire, à garder pour eux. Mais de toute façon le fanatisme n'attendra pas cette époque pour agir, du moins c'est ce que je ferais si j'étais gourou. Selon vous, qu'est-ce que cela représente de payer l'essence dix ou vingt fois plus cher si c'est pour annihiler une ville ?<br />
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Pour moi, la fin du pétrole marquera la fin de la race humaine, du moins de l'humain actuel c'est à dire crédule, superstitieux, égoïste, cruel etc ...<br />
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Cette nouvelle société on peut l'inventer mais il faut d'abord effectuer un travail sur l'Homme et cela ne se contentera certainement pas d'une lucidité et d'une habitude de la vie sans pétrole.<br />
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Aucun doute que c'est possible, que beaucoup en sont capables. Si je crois aux vices de l'Homme, je crois aussi en sa force de volonté. L'avenir pourra être radieux et le XXIème siècle marquer les esprits comme L'époque où l'Homme est vraiment devenu Homme. Mais tous n’en sont pas capable et la question qui se pose alors est : comment convertir les autres ?<br />
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De plus, la fin du pétrole ne marque pas forcément la fin de l'énergie sur Terre. Les énergies renouvelables sont là pour cela. Bien sûr elles n'apparaissent pas comme une solution envisageable (cf. le RBE) mais à y regarder de plus près un RBE de 4 reste un RBE supérieur à 1. L'argument du ratio mettait en évidence la chute brutale de la productivité mais cette recherche de la productivité n'est pas indispensable. Caractéristique de notre société consommatrice de pétrole, elle pourra et sera certainement abandonnée dans le meilleur des cas, ou simplement revue à la baisse. L’homme peut beaucoup sous la contrainte et à choisir avec la mort il n’y a pas à hésiter, on fera avec. Je concède que le secteur est actuellement nettement insuffisant pour alimenter notre race mais il pourra être largement amélioré dans l'avenir. Enfin si cela ne suffit toujours pas cela reste une solution valable, faute d'une meilleure idée d'organisation ou d'une nouvelle énergie. Cette solution d'apparence cruelle aurait le mérite de baisser la population mondiale à un niveau nourrissable si j'ose dire. Bien sûr c'est affreux, abominable mais c'est une solution et un avenir possible de l’humanité ! Dieu, s’il existe, ne s’est pas gêné pour nous montrer qu’un évènement (j’insiste sur l’accent grave héhé vous m’aurez reconnu) ne perd pas de sa potentialité s’il est inacceptable. Je compte mettre tout en oeuvre pour trouver une meilleure alternative mais je suis quand même rassuré de penser que devant cette crise apparemment fatale, l'Homme a la possibilité de survivre. Il serait en effet dommage de disparaître si tôt dans notre maturation car notre survie aura été jugée : abominable. Je ne veux pas laisser sa chance à un autre organisme, nous sommes là alors il faut y arriver !<br />
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Du côté de la matière première, la fin du pétrole nous laissera certainement un grand vide. Le plastique a en effet des applications uniques et extraordinaires notamment en médecine mais je pense (décidemment tout porte sur ma vision personnelle ...) que l'Homme peut y survivre aussi. S'en passer demandera sans doute autant d'efforts que de voir disparaître les centrales au pétrole mais cela reste tout de même envisageable au prix de grands sacrifices. Mais qu'est-ce qu'un sacrifice en contrepartie de la survie ? D'autant plus que les récente avancées technologiques semblent assez prometteuses dans ce domaine. Je ne citerais que la plus populaire : les nano fibres de carbone. L’invention apparaît si extraordinaire que ces fibres sont considérées comme un nouvel état du carbone au même titre que le diamant. Une voie à exploiter aux vues de la tendance de l’atmosphère et de l’océan à se charger de nos déchets carbonés …<br />
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Enfin, comme nous avons vu qu’un peu d’énergie pourra être préservée, on peut dès lors construire un avenir numérisé. La société recentrée sur l’Homme pourra vraiment progresser philosophiquement et faire partager toutes ses idées pour une construction collective. De plus, les limites de l’Homme pourraient être dépassées en utilisant une sorte de synergie avec l’informatique (Je considère déjà mon ordinateur comme un prolongement de mon esprit). On peut déjà rêver d’une humanité interconnectée via l’internet qui serait la dimension supérieure des cellules grises dans le cerveau. Imaginez une société ou chaque individu s’effacerait devant la collectivité, vous serez alors confronté à la naissance d’un organisme de niveau supérieur, l’entité Terre, le mythe de Gaïa, cf Asimov Fondation.<br />
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Bien sûr le chemin sera très long et on aura eu le temps de penser à notre individualité. Il sera toujours temps d’emprunter une autre voie si notre individualité aura été jugée nécessaire. C’est d’ailleurs l’argument de Trevize.<br />
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La pénurie de pétrole n’est pas une fatalité, mais notre survie nécessitera des prodiges d’ingéniosité !<br />
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Aller, au boulot !