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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Nature et culture - 2


I. L’éducation, perfectionnement de l’individu


L'une des difficultés de ce cours tient à la polysémie du mot "culture". Dans ce premier niveau de réflexion, "culture" s’entend au sens ordinaire de "savoir théorique maîtrisé". Une "personne cultivée" connaît les principales lois chimiques et physiques, récite des vers, commente des oeuvres d'art, sait déchiffrer une partition, narre quelques anecdotes historiques piquantes - bref, fait preuve d'une forme d'érudition qui s’oppose à l’ignorance.

Il s'agit, encore une fois, de vous transmettre des connaissances.


1) Instruire

"Des connaissances", ici, s'entend au sens de "savoirs purs" (astronomie, mathématiques, etc.). Deux figures ici, sitôt esquissées, contrastent. D’un côté, l’individu instruit ; de l'autre, son reflet négatif, l'ignorant.

Le premier, possédant des savoirs exprimé par des concepts abstraits, exerce bien sa mémoire et sa logique, extrait aisément les causes des effets, conçoit l’univers de manière mécanique et rationnelle. Il parvient, par la raison, à résister à ses impulsions spontanées, à les surmonter, et de la sorte il sort d’un état de simple réactivité à l’environnement. Mieux, il parvient, par ses connaissances, à élaborer des outils et des techniques grâce auxquels il maîtrise son milieu et l'exploite à son profit. Soustrait à ses réflexes, mais aussi à ses emballements goulus pour les plaisirs sensuels ainsi qu’à ses craintes superstitieuses des phénomènes naturels, il gagne en assurance, échappe à la tyrannie de l’instant présent et prend sa propre existence en mains. Science, culture, raison, puissance et liberté se conjuguent pour donner un produit idéal : l’humain des Lumières (dans la droite ligne du projet cartésien et des promesses de la raison, voir ce cours).

Le second, au contraire, incapable de lire et de communiquer avec un langage précis, rigoureux, abstrait, méconnaît les opinions différentes des siennes. Aussi, dénué d'esprit critique, donc prisonnier d'une pensée magique primitive, il se contente le plus souvent de réagir spontanément aux circonstances du milieu, qu'il ne sait ni exploiter ni réguler.
Les phénomènes naturels les plus banals (intempéries, faune et flore...) lui paraissent extraordinaires, merveilleux ou terribles : aussi prête-t-il à son environnement des propriétés fabuleuses. Comme les enfants, il le peuple d'habitants imaginaires, féériques ou monstrueux (ci-contre, photo de "Fée" réalisée au début du XXè siècle par deux fillettes du Yorkshire ; l'affaire des "Fées de Cottingley" abusera même Conan Doyle), projection de ses extases, de ses fureurs et de ses paniques. Dominé par l'émotion, sa personne peine à atteindre le sentiment, et à plus forte raison l'esprit - de sorte que sa "moralité" tient plus à son incapacité à ruser et à élaborer des stratagèmes qu'à un choix délibéré et réfléchi. Inconstant dans ses choix, hésitant devant les alternatives les plus simples, naïf à un degré extrême, en somme plus proche de l’animal que de l’humain, l'ignorant subit le joug de la nature et de la force sans espoir de s'y soustraire. Ignorance, nature, émotions et servitude se combinent en lui avec la même facilité que leurs contraires s'associent dans l'individu cultivé.

Ces deux figures, en opposition frappante (la description que j'en donne ici pastiche sans exagération les propos de nombreux auteurs du XIXè siècle, reconnus en leur temps comme des autorités), connaissent un profond retentissement dans la pensée occidentale, du XVIIè au XIXème siècle. En effet, elles expliquent la forte incompréhension qui domine les rencontres entre les colons occidentaux et leur "autre", les tribus autochtones d'Amérique, d'Afrique et d'Océanie, auxquelles ils sont confrontés depuis les grandes découvertes de la fin du XVè siècle. Mieux : ces deux figures élaborent un programme d'action. Il ne fait évidemment aucun doute, dans une telle perspective, que l'individu cultivé soit "meilleur" que l'ignorant primitif. La preuve : le premier, par les armes et la stratégie, produits de son ingéniosité, se rend vite maître du second.

Si l'instruction s'avère évidemment meilleure, alors instruire apparaît comme une mission prioritaire. La nature, stade brut, originaire, animal de l’humain, doit être dépassée par la transmission des savoirs au plus grand nombre. Diderot définit ainsi le projet de la monumentale Encyclopédie (en trente-cinq volumes !) qu'il éditera avec d'Alembert :

Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ; et que nous ne pourions pas sans avoir bien mérité du genre humain.
Denis Diderot, article "Ecyclopédie", je souligne.


Suite du cours : éduquer.
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