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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Sommes-nous responsables de nos désirs ?

Sujet de dissertation philosophique proposé aux élèves de section ES en DST le 14 janvier 2006

Cette question canonique ne présentait aucune difficulté insurmontable.


1. Détermination du problème

1.1. Définitions

Le "désir" se définit classiquement comme une "tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée" (définition de Lalande). On peut ajouter que cette fin est jugée comme bonne. La définition de Spinoza, "appétit avec conscience de lui-même", était également recevable. Il s'oppose à l'ennui, à l'inaction et à la satisfaction ; il se distingue de la volonté, de l'envie, de la passion, de l'ambition.

La "responsabilité" désigne la relation entre un acte (considéré comme répréhensible - crime ou délit par exemple, mais également négligence, omission ou mise en danger délibérée) et une personne juridique appelée à répondre des conséquences de cet acte. Elle s'oppose à l'irresponsabilité.


1.2. Forme de la question

"Sommes-nous ... ?" : peut-on pleinement nous tenir responsables de nos désirs ? Lorsque nous ressentons un désir, doit-on nous tenir pour responsables de ses conséquences ?


1.3. Relations entre les termes

Le désir appartient à un champ lexical psychologique ; la responsabilité relève du champ lexical juridique. Le libellé examine le passage de l'intention à l'action, du for intérieur à l'agissement extériorisé et cherche à décider à quel moment naît la responsabilité.


2. Réponse spontanée et réponse paradoxale justifiées

La réponse spontanée constate que nous pouvons être tenus pour responsables de nos désirs dans l'exacte mesure où il s'agit bien des nôtres, et qu'on peut donc nous les imputer.

La réponse paradoxale oppose à cette idée l'argument selon lequel un pur phénomène psychologique échappe au pouvoir du droit, lequel ne peut reprocher que des actes avérés.


3. Argumentation de la thèse et de l'antithèse

3.1. Thèse : nos désirs nous sont imputables

Nos désirs nous appartiennent. Lorsque je désire, c'est bien moi qui désire, et nul autre. Dès lors, nous en sommes responsables.

Du reste, le stoïcisme et l'épicurisme s'accordent pour affirmer cette maîtrise dont nous disposons sur nos désirs. En particulier, nous pouvons dinstinguer entre bons et mauvais désirs, entre désirs "acceptables" et désirs "inacceptables". On pouvait ici aisément élaborer ce point.

De surcroît, il est facile de montrer que notre intérêt le plus simple nous conduit à maîtriser nos désirs. Dans le Gorgias, Platon compare le désir au tonneau percé que les Danaïdes sont condamnées à remplir, absurdement, jusqu'à la fin des temps. L'aspiration au bonheur, exact contraire d'une existence absurde, nous pousse à maîtriser nos désirs et à nous en affirmer responsables.


3.2. Antithèse : nos désirs nous échappent

L'idée selon laquelle nous maîtrisons nos désirs s'avère très contestable. "Vouloir" maîtriser ses désirs constitue, déjà, un désir, que nous ne maîtrisons pas, et pour cause !

La thèse confond, en effet, désir et assouvissement du désir. Certes, notre raison peut trier entre "désirs acceptables" et "désirs inacceptables", mais des "désirs" validés par une raison libre et éclairée deviennent, à proprement parler, des volontés, et non plus de simples désirs. Le désir se maintient en-deçà de toute raison : aussi ne le maîtrisons-nous en rien.

Même analyse chez Spinoza : dans l'Ethique, il énonce que "toute chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être". L'appétition, l'inclination, vers ce qui permettra de se préserver constitue, pour Spinoza, la manière d'être même de toutes les choses, y compris des choses non-conscientes. Dès lors, le désir précède toute raison et conditionne même son exercice : "
Ce qui fonde l'effort, le vouloir, l'appétit, le désir, ce n'est pas que nous jugeons qu'une chose est bonne ; mais, au contraire, on juge qu'une chose est bonne parce qu'on y tend par l'effort, le vouloir, l'appétit, le désir." (Ethique, III, scolie de la proposition IX).


4. La synthèse

Plusieurs pistes méritaient examen en III.

1) On pouvait recourir à Freud pour montrer, dans la deuxième topique, les relations complexes qu'entretiennent les pulsions du ça avec le surmoi et le monde extérieur, autant d'instances sur lesquels nous n'exerçons aucune maîtrise. Une distinction conceptuelle entre pulsions et désirs permettait de conclure adroitement.

2) Le recours à Sartre et à l'existentialisme permettait également d'élucider le statut ambigu du désir, qui nous projette, malgré nous, vers l'avenir, mais dont les conséquences nous demeurent imputables dans le cadre, justement, de notre "projet" (nous sommes responsables de notre projet, puisque l'existence précède l'essence).

3) Un III précis pouvait signaler que même un désir raffiné par l'intelligence et le calcul (en l'occurrence, une ferme intention) n'engage pas la responsabilité de son auteur. Le meurtre est répréhensible, la tentative de meurtre avec début d'exécution est répréhensible, mais pas la simple intention de tuer, encore moins un vague désir d'attenter à la vie d'autrui. Seuls les totalitarismes condamnent les pensées : dans un état de droit, la responsabilité n'est engagée que par des agissements avérés.

4) Enfin, il était possible de signaler que la question pose un réel problème par rapport au fonctionnement même du système juridique. En droit, il est clair que l'imputation de la responsabilité s'opère de manière arbitraire. Une personne peut ainsi être tenue responsable des agissements d'autrui (les parents, des délits commis par leurs enfants ; les employeurs, des infractions commises par leurs préposés dans l'exercice de leurs fonctions). Une "responsabilité" quelconque s'avère donc toujours instituée au sein d'un système juridique donné. Suggérer qu'il pourrait exister une "reponsabilité extrajuridique" constitue une tentative très contestable - et c'est bien ce que propose la question, telle qu'elle se trouve formulée. Sommes-nous responsables de nos désirs ? En droit français, non ; et en général, la question n'a pas de sens.
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G
<br /> slt je ne comprend pas lorsque vous dites dans la synthèse  que plusieurs pistes méritaient examen en III et aussi je voulais savoir si la synthèse c'est la conclusion de votre dissert'<br />  merci <br /> <br /> <br />
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