Préparer l'épreuve de philosophie

17/01/2010 14:04

Une idée reçue prétend que la philosophie est une matière "où l'on n'apprend rien", "que l'on ne révise pas".

Suivez ce précepte stupide, et vous voilà quasi sûrs d'échouer.

La philosophie telle qu'on l'enseigne en Terminale constitue d'abord une discipline à part entière, par laquelle on vous véhicule des savoirs positifs : les thèses principales des auteurs au programme, le lexique philosophique ("Idée", "métaphysique", "épistémologie", "maïeutique", etc.), les affrontements historiques entre écoles (entre stoïciens et épicuriens, entre cartésiens et scolastiques...), etc. constituent autant de connaissances difficiles à acquérir et qu'il faut absolument mémoriser tout au long de l'année. Si vous attendez les vacances de printemps pour intégrer tout ce savoir, il sera beaucoup trop tard.

Ensuite, une bonne copie de philosophie appelle des exemples riches, originaux, variés, ce qui suppose une culture générale aussi vaste que disponible. Mettez-vous un instant dans la peau du correcteur sommé de s'extasier pour la vingt-cinquième fois consécutive devant le sourire de la Joconde. Mettez-vous dans la peau du correcteur qui, après vingt-cinq Jocondes au sourire niaiseux, découvre avec plaisir la "Dora Maar" de Picasso (à gauche), ou la "Monomanie de l'envie" de Géricault (à droite). A votre avis, à quelle copie donnera-t-il la préférence (avec un ou deux points à la clef) ? Le brio en philosophie exige de vous des connaissances presque encyclopédiques en histoire, en arts, en sciences, mais aussi une réflexion mature sur vos statuts de futurs citoyens, futurs parents, futurs employés ou employeurs.

Méditer le cours, se l'approprier, y réfléchir seul, avec ses parents ou entre amis, vous permettra de découvrir les questions vraiment fondamentales pour chaque notion abordée en classe. Ces questions sont relativement peu nombreuses (cinq ou six, maximum, par notion) : or ce sont elles qui, neuf fois sur dix, tombent à l'examen (pour savoir pourquoi, cliquez ici). Autrement dit : méditer le cours de philosophie et dégager les questions fondamentales (au besoin en vous aidant des annales) vous permet parfois de prévoir les questions... Atout majeur pour réussir !

Préparer assidûment l'épreuve de philosophie constitue donc une nécessité : il s'agit peut-être de l'épreuve la plus difficile du baccalauréat - et peut-être s'agit-il même de l'exercice mental le plus difficile que vous aurez à accomplir de toute votre vie. Arriver sans la moindre préparation relève de la sottise, ou de l'inconscience.

Une année entière n'est pas de trop.

Par ailleurs, il me semble nécessaire d'insister sur l'importance de la préparation physique du candidat. Quatre heures sans documents : la copie de philosophie est un sport extrême (ci-dessous, photo de Hopper). Depuis plusieurs années, des études médicales très sérieuses mettent en évidence le lien entre une activité cérébrale intense et une bonne hygiène de vie (par exemple pour les joueurs d'échecs, voir ici).

Pendant l'année, pratiquez aussi régulièrement que possible au moins un exercice physique de fond. Le sport simplifie la gestion du stress, accroît les capacités pulmonaires et cardiaques, facilite la digestion, améliore la qualité du sommeil (lui-même indispensable à une bonne mémorisation) - autant de conditions nécessaires à un travail mental efficace. Arrêtez, ou du moins réduisez autant que possible, la consommation d'alcool, de tabac, de stupéfiants (y compris les somnifères, les calmants, les excitants et autres cachets à l'efficacité au mieux douteuse, au pire trop réelle).

La semaine précédant l'épreuve, accordez-vous huit heures de sommeil et huit heures de loisir par jour ; alimentez-vous rigoureusement. Coquets et coquettes, laissez tomber les régimes alimentaires qui vous bousillent la santé et le cerveau. Une carence en lipides, en glucides, en protéines ou en vitamines se paiera cher. La veille de l'épreuve, faites un solide dîner riche en sucres lents (présents notamment dans les pâtes, les féculents etc.) et en protéines (préférez des légumineuses comme les lentilles ou le soja à la viande - ou bien choisissez des viandes blanches ou du poisson). Si vous ne pouvez rien avaler le lendemain matin, un tel repas garantira quand même une énergie suffisante.

Un bon petit déjeuner le matin de l'épreuve comprend un fruit (si possible riche en glucides et en vitamine C), des céréales ou du pain, un produit laitier, une boisson chaude. Pendant l'épreuve, prévoyez des aliments sucrés et une bouteille d'eau. On voudrait que les candidats arrivent pour l'épreuve reposés, en pleine forme, dans un état de réelle fraîcheur intellectuelle, d'ouverture d'esprit, et d'humeur dispose. Stressés, épuisés, hargneux, grognons, agressifs, ils risquent l'échec cuisant.