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Le Labyrinthe - souffle des temps.. Tamisier..

Souffle et épée des temps ; archange ; prophéte : samouraï en empereur : récit en genre et en nombre de soldats divin face à face avec leur histoire gagnant des points de vie ou visite dans des lieux saint par et avec l'art ... soit l'emblème nouvau de jésuraléme.

Conscience de soi et existence - 2


II. La perspective de la mort

Je ne puis penser que je ne suis pas. Autrement dit, je ne peux pas penser le retour au néant ; et cependant, comme tout être humain, je sais que je vais mourir. Certes, je ne le
« sais » pas à la manière dont je « sais", avec une certitude absolue, que je pense ou que je suis (encore que... voyez plutôt) ; mais je le sais par analogie : l'absence laissée par les proches décédés nous impressionne fortement. Du reste, je puis savoir que je vais mourir par un raisonnement, non plus analogique, mais logique. Puisque j'affirme mon existence à partir de la faculté qu'a ma conscience de se réfléchir, alors cela revient à dire que je suis un sujet pensant ; mais, avions-nous précisé dans ce cours, « être un sujet » équivaut à « occuper un point de vue subjectif dans l'univers » ; plus exactement, un seul point de vue, faute de mieux. Un seul point de vue, en raison de nos limites spatiales (les limites de la peau) et temporelles (notre espérance de vie). Nous y voilà : depuis le début de la recherche, nous savons que nous sommes, constitutionnellement, naturellement, et par définition, des êtres limités dans le temps ; autrement dit : des êtres mortels.

De là un
« grand écart mental » extrême : dans mon avenir (chronologique), je suis sûr de ma propre mort (encore en ignoré-je les circonstances ou la date précises : on pourrait donc dire que je ne suis sûr que de ma propre mort, élément constitutif de ma condition) ; et en même temps, dans la présence immédiate que la conscience réfléchie se manifeste à elle-même, je sais que je ne puis penser que je suis « absent » - encore moins que je ne suis pas. La mort, certaine, m'est et me reste non seulement inconnue, mais inconnaissable.

Dès lors, la conscience de ma propre existence ne peut se dissocier de l’angoisse face au néant, face à l’idée de ma propre mort ; et rétroactivement, cette angoisse ébranle toute confiance en soi. Le terme inéluctable (
« but » de notre existence) interroge la valeur de nos ambitions (des « buts » que nous donnons à notre vie).


1) La mort, seule valeur
« sûre »

La situation existentielle du sujet paraît paradoxale. A quoi peut bien servir notre liberté ? Si c’est pour finir entre quatre planches, à quoi bon se donner du mal ? Seule certitude, la mort ôte tout sens à la vie, aux ambitions, aux réussites et aux échecs : vaine agitation que tout cela. Tout le monde y passe, du mendiant au roi : tel est le message des
« Danses macabres » (ci-contre). Le tranchant de la mort nous égalise tous. La vie, y compris celle des plantes, apparaît comme une énergie déployée de manière complètement aveugle, gratuite et idiote - comme un pur gâchis (voir le cours sur le vivant).

Une condition aussi paradoxale engendre forcément des réactions irrationnelles, des conduites insensées, des espoirs démesurés : la soif de vivre pleinement (c'est-à-dire de vivre comme un
« trompe-la-mort », à la manière des « Jackass »), ou le désir d’immortalité (qui donne naissance à des idées métaphysique ou mythologiques comme la « vie éternelle », la Panacée, le vampirisme). Comble du paradoxe, l'espoir de transcender la mort justifie aussi qu'on se donne un mal de chien pour atteindre la gloire, ou même qu'on perpétue la vie par la reproduction.

Cependant, si l'existence humaine est peut-être absurde dans l'absolu - même les monuments dédiés au héros finissent par tomber en poussière -, cela n'empêche pas de connaître des succès relatifs très importants. Tel est l'enseignement des stoïciens : nous sommes au monde avec une place, un statut, un rôle qu'il convient de remplir du mieux que nous le pouvons. En tout état de cause, la perspective de la mort interdit de trop se prendre au sérieux. Il en résulte une dévaluation de tous nos soucis qu'on a pu identifier à la sagesse même.


2) La mort n’est rien pour nous

Face aux stoïciens, les épicuriens (on verra dans le cours sur le désir qu’ils ne sont pas si différents les uns des autres, mais à propos de la mort, ils s'opposent frontalement). Dans la lignée de l'enseignement sur la mort livré par Socrate à l'issue de son procès (voir Apologie de Socrate, p. 40c et suivantes, et ce commentaire), Epicure déclare : la mort n’est rien pour nous. L’angoisse du néant, la peur de la mort, relèvent de la crainte infondée, puérile, pour la bonne et simple raison que nous n’aurons jamais l’expérience directe de la mort (quand nous sommes là, elle n'est pas encore là, et quand elle est là, nous n'y sommes plus : nous ne sommes donc jamais contemporains de la mort) ; dès lors, la mort reste l'impensable par excellence. Nous ne pouvons donc absolument rien savoir d'elle : la mort est pour nous, toujours, une image mythique - elle n'est ni un concept, ni une idée. Nous ne pouvons pas la regarder en face, non par manque de courage, mais simplement parce qu'elle échappe à toute pensée. Aussi, inutile de nous torturer à l'attendre : libérés des fausses angoisses, nous pouvons nous consacrer à d'autres tâches (rapprochement avec la fin du Tractatus de Wittgenstein dans le cours sur le langage). A son époque, Epicure reçoit une adoration incroyable pour la libération extraordinaire qu'il offre : on lui dresse des statues de son vivant, et on l'appelle « divin ».


3) La mort, source de valeurs

Dans cette perspective, on ne peut pas à proprement parler dire que la mort est une
« valeur » puisqu’elle n’est rien pour nous. Cependant, elle reste dans notre avenir un événement (le décès) – même si nous n’y assisterons pas. Dans ce cas, elle « oriente » notre existence (« sens » n°1). (Merci à Hopper pour le cliché ci-contre.)

Puisqu'elle achève nos processus biologiques, et quelque croyance qu'on observe à ce stade, la mort peut alors donner un sens à nos existences. Si en effet nous croyons en une vie après la mort, alors il faut nous y préparer ici-bas (position croyante, valable aussi bien pour la
« vie éternelle » des monothéisme que pour la réincarnation des religions orientales). Si au contraire nous croyons que la mort nous supprime définitivement, alors nous n'avons pas de temps à perdre : il nous faut trouver le bonheur ici-bas, ou même le construire (ou le conquérir) par nos propres forces (voir sur ce point l'analyse de Marx).

L’angoisse du néant (qui diffère de la crainte de mourir) permet alors à l’individu de donner un sens à son existence. Tel est le sens de la philosophie
« existentialiste » contemporaine.


Suite du cours : l'existence entendue comme continuité.

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